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Grippe aviaire Les éleveurs de volaille de Loire-Atlantique haussent le ton

"Mangez du poulet", tel est le cri des éleveurs de volaille de Loire-Atlantique, écoeurés de la surmédiatisation de la grippe aviaire et inquiets des conséquences économiques de la crise qui secoue leur filière.

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"On est tous en colère contre les médias qui font un travail de gorets depuis quelques jours, mais c'est bien parce que le ministre leur donne la pâtée", lance Vincent Durand, éleveur à Pontchâteau, applaudi par plusieurs dizaines d'éleveurs réunis mardi à l'appel de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique pour faire le point sur la crise avicole. Pour la majorité de l'assemblée, la baisse de la consommation est due à la surmédiatisation du phénomène et aux "surenchères de précautions inutiles du gouvernement". "S'il n'y avait pas de problème de consommation, il n'y aurait pas besoin d'aides", lance un éleveur qui considère que "s'il y a un message à faire passer par les médias c'est +Mangez de la volaille, mangez du poulet+".

Et quand la vaccination des canards et des oies vient à être abordée, les questions fusent car si l'Etat s'est engagé à payer les vaccins, "le personnel nécessaire pour la vaccination, on ne sait pas qui va le payer", explique un éleveur. Des incertitudes qui sont loin d'être calmées par les six millions d'euros d'aides annoncés par le ministre de l'Agriculture: "Ca représente 150 euros par élevage", assure un responsable de groupement.

Pour la surveillance des élevages, les confinements, "l'éleveur est l'élément déterminant et c'est l'éleveur qui subit les conséquences économiques de la crise", relève M. Durand. Chacun expose son cas particulier comme Alcide Valain, 75 ans, directeur d'Herbauge, un élevage d'oeufs de plein air (60.000 poules pour 54.000 oeufs par jour) à La Chevrolière, près du Lac de Grand Lieu, site de migration d'oiseaux sauvages placé en zone obligatoire de confinement.

Il s'attend à perdre d'ici une semaine son appellation d'oeufs de poules élevées en plein air et ainsi à des pertes de 160 euros par jour qui ne lui seront pas indemnisées. "Notre acheteur, sous la menace des grandes surfaces, nous dit que l'on ne peut plus vendre nos oeufs sous l'appellation plein air", explique-t-il à l'assemblée, soit une perte d'un peu plus de trois centimes d'euro par oeuf, la moitié de sa valeur de vente réelle.

 L'autre peur des éleveurs est d'être dans la zone de sécurité établie en cas de contamination. Patrick Bertrand, directeur de Gib'Océan (vente de poussins de faisans et perdrix datés d'un jour), en a fait l'expérience à ses dépens en juillet 2005 quand un cas de maladie de Newcastle (la pseudo-peste aviaire), a été détecté à moins de 10 km de son couvoir de Saint-Lumine-de-Coutais. Placés dans la zone de surveillance imposée par la réglementation, ses poussins auraient dû rester trois semaines sur place.

Une impossibilité pour l'éleveur qui a dû se résigner à détruire ses 120.000 poussins: 93.000 euros de pertes qui sont restées à sa charge. Si jamais un cas similaire se produisait avec la grippe aviaire alors que démarre pour lui la saison d'ici trois semaines, "un million de poussins seront à détruire", explique-t-il, soit une perte d'autant d'euros dont l'indemnisation n'est pas prévue. "Financièrement, on ne pourrait pas s'en relever", explique M. Bertrand.

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